
Café des Pros
Rencontre avec Morgane,
psychologue clinicienne et psychothérapeute
Qu'est-ce qui t'anime dans ton métier ?
Peux-tu te présenter en quelques mots ?
Je suis Morgane Kersalé, psychologue clinicienne et psychothérapeute en cabinet libéral à Vannes (après avoir exercé dans différentes institutions, notamment dans le milieu judiciaire/carcéral et en crèches). Je prends en soin les enfants, les ados et les adultes et suis spécialisée en périnatalité, petite enfance et parentalité.
Ce qui m’anime profondément, c’est de redonner à la femme, et surtout à la mère, toute sa place. De respecter ses choix et ses envies, tout en l’accompagnant dans ses difficultés. Mais aussi de remettre l’enfant au centre, non pas comme un être à former, mais comme une personne à part entière, avec sa physiologie, ses besoins d’attachement, son rythme propre.
Qu’est-ce qui t’a donné envie de devenir psychologue ?
Je pense que je me suis toujours projetée dans un métier qui soit tourné vers les autres. Et dès l’âge de 11 ou 12 ans, j’ai ressenti cette vocation pour la psychologie. Je suis de nature quelqu’un qui a tendance à être dans l’écoute, c’est tout naturellement que le métier de psychologue s’est imposé à moi.
Ce qui m’a toujours touché et continue à le faire après 11 ans de pratique, ce sont les rencontres humaines, la richesse que l’on s’apporte mutuellement puisqu’une relation, c’est dans les deux sens (bien que de manière asymétrique évidemment).
Tu accompagnes des publics très différents, des tout-petits, des parents, des ados, des adultes. Qu’est-ce qui relie, selon toi, toutes ces étapes de vie ?
Je dirai que la question de l’attachement est centrale dans le développement des êtres humains, ce lien affectif particulier et privilégié duquel va naître le sentiment de sécurité. C’est un lien à l’autre qui se construit avant la naissance et qui perdure tout au long de la vie.


As-tu une conviction forte qui guide ta pratique au quotidien ?
La prévention, c’est d’ailleurs pour ça que j’ai développé mon compte instagram ainsi que mon activité bénévole dans une association de soutien à la parentalité locale (Au bon thé des parents, à Vannes). Je suis persuadée qu’en matière de santé mentale, la prévention peut changer beaucoup de choses, elle peut éveiller les consciences, permettre de repérer les signes préoccupants, que ce soit pour soi-même ou son entourage.
Si tu devais décrire en une phrase ce que les gens viennent vraiment chercher quand ils consultent un psychologue, quelle serait-elle ?
C’est une excellente question, surtout à l’heure où l’intelligence artificielle se place comme une alternative thérapeutique (je pense à la montée en puissance de chatgpt dans le « soutien » qu’y cherchent certains internautes). Selon moi, les patients viennent avant tout chercher une relation humaine et authentique et de l’empathie ; et dans beaucoup d’approches thérapeutiques, on a pour outil privilégié la relation qui se déploie entre le psy et son patient (transfert en psychanalyse, reparentage en thérapie des schémas en ce qui concerne mes approches).
Quand un enfant ou un ado traverse une période émotionnelle compliquée, qu’est-ce qui te semble essentiel à garder en tête pour l’accompagner avec justesse ?
Les suivis avec les jeunes patients activent chez moi mon « enfant intérieur », ils mobilisent beaucoup la part enfant en moi. C’est essentiel parce que c’est ce qui me permet de me connecter plus facilement à eux.
Et dans la posture, je fais en sorte d’être la plus pédagogue possible et que la prise en charge fasse sens pour eux, puisqu’ils n’en sont souvent pas à l’initiative.
On parle beaucoup de prévention en santé mentale. Qu’aimerais-tu que notre société comprenne mieux sur le développement des enfants ?
Deux choses. Premièrement, que les enfants ont un besoin inné d’attachement et de proximité, c’est un besoin fondamental (donc oui au co-dodo, oui au portage, oui aux bras). Et deuxièmement, qu’un petit être humain de quelques mois ou quelques années n’est pas en capacité d’un point de vue cérébral de réguler ses émotions, qu’il n’est pas capable de nous manipuler, qu’il ne fait pas de « caprices » (oui c’est casse-pied pour nous en tant que parents mais c’est absolument normal que ses émotions puissent déborder et soient incontrôlables).
Y a-t-il un livre, un film ou une ressource que tu conseilles souvent aux parents ?
Deux livres de psychologues : Pour les parents, le « Petit décodeur illustré de l’enfant en crise » et « Petit décodeur illustré de l’ado en crise » (Anne-Claire Kleindienst). Pour les professionnels, « Guide pratique pour les pros de la petite enfance » (Héloïse Junier).
Les podcasts « Un temps pour naître » et « Histoire mère-veilleuse » pour les futurs et jeunes parents.
Et si vous êtes autour de Vannes, l’association « Au bon thé des parents » dans laquelle je suis engagée avec d’autres formidables bénévoles.
Et pour toi, quel est ton petit rituel pour te ressourcer après tes journées ?
Passer du temps avec mes enfants, prendre du temps pour moi (yoga, pilates, manger avec des amis, bouquiner, regarder une série)… et dormir ! (essentiel le repos pour moi).